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janvier 2017 " Du jazz bien vivant, vibrant, dansant, naturel, sans artifices inutiles : à découvrir donc !

Vient de paraître sur le marché, ce disque des français Toultoutim . Je ne connaissais pas ce groupe et je suis toujours attiré par la présence du tuba dans les formations de jazz. La faute à Howard Johnson dans le magnifique album de Jack Dejohnette chez ECM en 1984 ou Johnson jouait le tuba et le baryton provoquant chez moi une sensation difficile à oublier.

Toultoutim est composé de Alain Angeli au saxophone alto et aux compositions, Xavier Faro au piano, Alain Laspeyres à la batterie et Laurent Guitton au tuba. Comme vous pouvez le voir, le manque de bassiste donne au tuba un rôle qui ne nous laissera pas indifférent.

L'album, bien que s'intitulant « A l'est », n'a pas de frontière . Il commence d'ailleurs par « Au Nord » où tuba et batterie, telle une section rythmique, donnent le cap. Le leader Alain Angeli introduit la mélodie qu'il modifie à sa guise sur ce support solide jusqu'à l'entrée du piano qui progressivement construit avec les deux premiers une rythmique complète. Sur « A l'est », le tuba ne jouant pas le rôle du bassiste crée ainsi avec le saxe, un duo de soufflants, sonnant comme un vent de Balkans. Sur le solo du pianiste Xavier Faro, festif et plus bavard, la musique nous conduit vers d'autres latitudes, orientales, espagnoles ; mais peu importe. Les soufflants se rencontrent à nouveau sur « Rêve éveillé », sur lequel Alain Laspeyres joue des cymbales d'une manière amusante. Soweto, changement de décors ; la section rythmique nous emmène en Afrique du sud pour un Soweto joyeux et heureux célébrant la liberté. Le thème à la force d'être à la fois un « tube » et une belle composition, pleine de couleurs et d'arômes, propice à des improvisations imprévisibles et vivantes. « Touareg », c'est l'Afrique en grand avec son peuple synonyme de nomadisme. Alain Angeli a composé ce thème qui reflète parfaitement cette idée, et les quatre musiciens, tout au long du morceau, guidant notre imagination, se livrent à des échanges libres et attentifs. « Sitting Bull » comme Henri Texier en 1993 avec « An Indian's week », sur le Label Bleu, Alain Angeli rend hommage à la liberté des indiens d'Amérique ; et le morceau est construit autour du jeu génial d'Alain Laspeyres. C'est le piano de Faro qui introduit « Loukoum à la rose ». Ensuite, la place est prise par le saxophone alto et nous revenons aux fanfares de l'est et à ses cuivres typiques avec là aussi, la batterie de Laspeyres qui apporte des touches méditerranéennes grâce à des éléments de percussions interressants. « A l'ouest », nous continuons à changer de cap, si même nous en avions eu à un moment donné ; les phrases du piano, dans une approche plus swing et l'assise rythmique du tuba donnant de l'espace, permettent à la batterie de développer un solo. « Dollar Brand » est une sorte de marche qui nous transporte à la Nouvelle Orleans, ne cessant d'être un croisement de nombreuses cultures. On imagine un vieux blues et le quartet semble éprouver un incroyable plaisir à proposer une telle variété de morceaux. Pour cloturer, « Big In », plus festif, nous rappelle les sonorités de la vielle Europe, présentes dans les festivals créoles, où les groupes étaient capables de proposer une musique différente sans craindre de créer.

Un quartet très intéressant, à suivre de près, qui montre clairement que le jazz français reste une référence. Dommage que certains programmateurs ne les programme pas d'avantage.

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